Le chemin de Zaccaria 7
Le chemin de Zaccaria 7
Lorsque j'étais enfant, j'aimais passer de longs moment chez ma grand-mère. Elle vivait dans les deux pièces de la maison qui lui étaient réservées. Il y avait une cuisine avec des meubles en formica jaune, une petite table jaune avec des chaises jaunes et une structure en acier tubulaire. En face de la table une porte fenêtre double donnait sur le jardin côté rue. La maison se trouvait en contre-bas , donc on pouvait entendre le bruit des voitures mais on ne les voyait pas. De la rue un escalier descendait vers la maison avec de jolis petits paliers en gravions dont le dernier abritait un arbuste indien l'ashwaganda. En automne il se paraît de jolis fruits orangés qui ressemblaient à de petites lanternes délicates et transparentes avec une petite bille orange au centre. L'ashwaganda est une plante d'origine de l'Inde et elle fait partie de la médecine ayurvédique. C'est une plante au multiples vertus qui possède des principes actifs importants pour le bon fonctionnement de l'organisme. Aujourd'hui j 'étudie la médecine ayurvédique et ce souvenir me semble étrange.
-Qu'est-ce qu'un arbuste indien faisait dans notre jardin en banlieue parisienne ?
-C'était sans aucun doute notre mère qui l'avait planté : pour sa beauté, sa délicatesse ou ses multiples bienfaits.
-Elle connaissait donc la médecine ayurvédique?- C'est étrange, elle n'en avait jamais parlé. C'est peut-être simplement un hasard.
Je frappe à la porte de ma grand-mère.
-Mamie ?
-Rentre !
Elle est là, assise à sa table, comme toujours et dans l'obscurité.
- »Allume la lumière, on ne voit rien ! » lui dis-je en allumant l'abat-jour de la cuisine.
On discutait, parfois on jouait aux carte. J'adorais jouer aux carte avec ma mamie. C'était la seule personne avec qui j'acceptais de jouer aux cartes. D'ailleurs je n'ai jamais plus joué aux cartes avec une autre personne .
Puis elle allumait la télévision dans sa chambre et je m'en allais pour manger avec mes parents et Alice .
Après manger, je ressentais parfois le désir de retourner la voir au lieu de rester en famille et regarder la télévision tous ensembles. Je me glissais furtivement hors de table, je frappais doucement à sa porte. Elle ne m'entendait pas, donc je rentrais sans attendre sa réponse. Elle était toujours là, allongée sur son lit en face de sa petite télévision. Là je prenais mon élan et je bondissais sur le grand lit à coté d'elle en me délassant et en prenant toute la place. Puis je lui disais
-Tu as acheté quelque chose ?
Elle se levait et allait prendre des gourmandises dans le placard de la cuisine. En général c'était du chocolat. Comme il était bon ce chocolat !
Nous le dégustions allongées sur son lit devant un bon film. Quand son programme ne me plaisait pas, je lui demandais de changer de chaine et elle s'exécutait toujours pour me faire plaisir. Tout était parfait. J'adorais ces moments.
A côté du lit dans l'angle de la chambre, il y avait un fauteuil. Lorsque j'étais petite je venais m'y assoir et j'y attendais une visite. Je venais chez ma grand-mère comme je le faisais quand j'étais plus grande, mais souvent je m'asseyais sur ce fauteuil et j'attendais.
Je savais que la visite ne tardait jamais. J'attendais. Assise confortablement sur ce grand fauteuil en bois et en tissus. Puis il arrivait.
Il arrivait du plafond de la chambre. Un peu comme on annonce l'arrivé d'un train en gare, il m'anoncait son arrivée, ce qui me remplissait de joie. Puis tout doucement comme la brume descend sur la vallée, il inondait la pièce d'une douce lumière. Cette lumière était porteuse de bonheur et de chaleur. Sans que je puisse le voir avec mes yeux, je le voyais tout de même. Parfois je lui parlais avec ma voix interieure, mais le plus souvent, nous restions là, quelques instants. Puis il s'en allait. Je le saluais. Un jour j'ai attendu mais il n’est pas venu, je n'étais pas triste, il me semblait au contraire que c’était normal et qu’il ne pourrait plus venir, je suis restée assise encore quelques instants, je me suis peut-être endormie. A mon réveil j’ai quitté la chambre, sans ressentir aucune tristesse tout en ayant la perception claire et précise que mon ami ne serait pas retourné me voir. Il n'est plus revenu.
J'étais très jeune, j'avais peut-être 5 ou 6 ans donc pour moi ces visites merveilleuses n'avaient rien d'extraordinaires sinon pour le bonheur quelles me procuraient.
En discutant de ses événement avec ma mère, lorsque j'étais adulte, je découvris que ce fauteuil était celui de mon grand-père qui avait vécu avec nous pendant très peu de temps. Il tomba gravement malade et laissa ce monde quand j'avais à peine 4 ans . Ma mère le décrit comme un homme d'une grande gentillesse et d'une grande bonté d'âme. Il était doux et patient.
C'était bien lui, la description lui correspondait parfaitement. Elle correspondait à merveille à la description de celui qui me rendait visite quand j'étais petite, quand je l'attendais, assise sur son fauteuil.
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