Le chemin de Zaccaria 6
Le chemin de Zaccaria 6
A notre père
-La porte ouverte-
Ce n'est pas parce que tu pars
que tu t'en vas.
Il y a des choix qui sont des pas dans la vie.
Avance et commence à te défendre
car dans la rue il y a des cris
et des mouvements intenses,
trop de bruit.
L'air est humide le long du fleuve.
Le cœur serré, tu t’arrêtes un instant
d'un mouvement incertain,
tu contemples son cours
en amont.
La vie qui jaillit alentour comme une flamme de pétrole scintillante,
te rappelle le ruissellement de l'eau
dans les verres abandonnés sur la terrasse,
le silence de la pluie qui caresse les avenues désertes
les couleurs transparentes de lumière,
des pas sur le trottoir illuminé d'un rayon de soleil, au delà
des murs gris.
Le tumulte s'est endormi.
Mais ce n'est pas parce que tu es parti
que tu n'es plus là.
La porte s'est ouverte lentement et les courants
agitent les tentures qui dansent légères dans le vent.
L'air frais du petit matin enivre les couloirs de ta jeunesse,
grimpe frénétiquement le long des escaliers,
rejoint les chambres
où il embrasse joyeusement les fenêtres entrouvertes
qui claquent contre les murs en crépis blanc.
La pluie doucement te berce, heureux.
Au loin, des maisons s'éveillent
des pneus lissent la chaussée
irradiant le bas-côté
de jeysers boueux.
Les parfums de café se mêlent aux fleurs de magnolia,
aux herbes fraîchement coupées.
Ils s'évadent vers les passants muets, aveugles,
qui s'éloignent fachés
de ne pas voir le chant des fleurs,
de ne pas entendre les perles de rosée,
sur les brins fraîchement taillés.
Alors qu'hier, ils couraient insouciants
et que la pluie les emportait,
ils avancent, lentement, maintenant.
Alors que le cœur battant, ils rêvaient
en effeuillant des pétales pourpres
de bonheur arraché au temps,
ils s'endorment fanés, maintenant.
Ils sont là.
Tu es parti,
et tu es là pourtant.
A notre père « trait d'union »
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